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Homo Sapin
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Conscience de l'Effondrement: du Blanc et du Noir et d'une 3e voie

Conscience de l'Effondrement: du Blanc et du Noir et d'une 3e voie

Il y a 10 ans, quand j’étais encore en 4e, après une année scolaire difficile dans une classe que je ne connaissais pas – je venais d’arrêter le latin – avec perte de repères, et le besoin de m’en créer de nouveaux, j’ai pris conscience de ce qui faisait que j’étais, fondamentalement différente, psychologiquement parlant, du reste de mes camarades. Je l’ai accepté pleinement, suis entrée tête baissée dans la bienveillance. Puis arrivée à l’université, dans une fac historiquement de gauche, au gré des rencontres avec des gens de tous horizons mais rassemblés par leur commun engagement politique, quelle que soit la forme de celui-ci, je suis entrée dans la lutte. Aujourd’hui, après 5 ans dans cette optique, je reviens à mes premières intuitions, toutefois consciente désormais que, riche du savoir que l’opposé ne me correspond pas, le blanc ni le noir ne me correspondent en fait. La vie m’apparaît désormais plutôt comme un savant mélange des deux, dont il s’agit de percer l’essence en acceptant que celle-ci, insaisissable, reste donc finalement à mettre en pratique. Ce qu’on appelle Dieu ou l’Energie/le Qi appartient à chacun de nous. Aujourd’hui, je raconte peut-être ma dernière histoire. Noeud papillon pour ceuelles qui voient et..... "allons-zy !"

 

Quelle équilibre ? :)

Quelle équilibre ? :)

I. Conscience écologique précoce :

 

J’avais 7 ans. Alors que le film de N. Hulot, « Un jour sur Terre », venait de sortir, ma gm qui en avait lu que du bien dans les journaux qui innondent encore aujourd’hui la table de sa cuisine érudite, je suis allée le le voir avec elle presque directement. J’étais emballée. Le film a agit en fait comme un catalyseur de ce que je portais jusqu’ici en moi.

 

Innocemment ? Sans doute non. Ma mère est véto, mon papa mange les steaks végétaux du magasin Bio au-dessus duquel on vit alors, dans un appartement qui ressemble plutôt à une serre. Entre les orchidées du bord de la fenêtre défiant le platane dont ma mère est, plus très secrètement amoureuse, et les BB de mon frère – ses bonzaï – on évolue tous et toutes dans une jungle. Nos murs sont couverts du lambris qui sent bon les soirs de veillée en écoutant la soul musique. J’ai envie d’être une fleur et des fois j’imagine que je le suis en marchant le long du chemin bordé de vieux chênes.

 

Inspirée, je décide de créer un blog pour parler de tout ça, afin que d’autres évoluant dans un contexte différent en profitent.

 

Mon enfance et mon adolescence sont planantes et schizophréniques. J’ai une envie presque sexuelle de « bouffer » la vie et la ville.

Je ne fais alors pas encore la différence entre moi et les autres. (Aujourd’hui encore, je ne définis que malgré moi une frontière. Le faut-il?) Dés lors que je suis adolescente, il me semble pourtant qu’il me faut choisir une identité, un cytoplasme. Je dis bien « il me faut » car, je m’en souviens encore aujourd’hui, à l’époque, je n’ai pas le sentiment d’être « une » mais bien plutôt une… « constellation ». Bien que je ne les connaissent pas  toutes, au sens stricte, j’ai déjà une conscience pratique de ce que ressent en tant que puzzle en vrac.

 

« Il faut un chaos intérieur pour donner naissance à une étoile dansante. » - NIETZSCHE

Dahli Chaos Dansant

Dahli Chaos Dansant

II. Choc adolescent, la nécessité sociale de choisir une identité : la sainte

 

Non contente d’assumer cette seule phrase pour seule étiquette, je décidais qu’il me fallait résumer la forme qu’elle prenait pour moi en un seul adjectif. Ce fut, en quelque sorte, « la sainte ».

 

Je développais ainsi un amour inconditionnel transcendental, refoulais ma sexualité, faute – après analyse rétrospective – d’enracinement, c’est-à-dire de capacité à m’identifier à ma forme incarnée, que je suis tout autant que cette « flemmelle » d’une flemme plus grande que nous appelons « Tout », Dieu, peu importe.

 

Eh c’est comme ça que j’ai vécu un éveil de la kundalini. Par ce terme, je fais référence à ce par quoi les Hindous par exemple parlent d’un processus de monter de l’énergie/du Qi dont nous sommes tous et toutes porteurs, animaux humains comme non-humains, mais aussi végétaux et minéraux. Tout ce qui a une forme comme ce qui n’en n’a pas dans cette présente incarnation en est, en essence, constituéE. C’est-à-dire que, rentrant d’un galette des rois richement méritée et aussi à moitié digérée étant donné la quantité de beurre et sucre ^^, traversant la forêt qui me séparait du lieu familial de sa dégustation jusqu’à ma petite chambre, je sentis subitement, alors que je regardais l’abondance végétale qui m’environnait, monter en moi l’énergie de milles gais orages depuis mon coccyx, ou plus précisément depuis un point entre mon coccyx et mon sexe – un point d’accupuncture utilisé en médecine chinoise pour traiter le « vaisseau conception » à partir duquel tout être humain se constitue matériellement, d’après cette cosmologie, jusqu’à environ le haut de mon crâne, au centre de l’os pariétal. Dans le même temps, je vécue une innondation de joie, jointe à une expérience de communication (« télépathique »?) avec tout ce qui m’environnait justement : les oiseaux, les fleurs bourgeonnantes, les petits vers sous terre, les chiens qui galopaient (gloups!). Incroyable.

 

Puis le mois qui suivit, je me trouvais dans une autre réalité paradoxalement plus sensible que celle, très physique, généralement reconnue par les êtres humains jusqu’ici – dans l’état actuel de nos connaissances. Je voyais les auras des arbres, parfois de certaines personnes, de certains objets également, parfois toujours. Constamment par contre, j’entendais les pensées des gens, de mes pros mais aussi de mes camarades, ce qui mit à rude épreuve ma capacité à me concentrer en cours. J’avais toujours envie alors de rire sans raison apparente, et de faire l’amour aussi, mais pas physiquement.

perfect circle

perfect circle

III. Majorité : sexualité, drogues, lutte

 

Considérant à la lueur de mon entendement mental qu’une telle voie n’était alors pas acceptable pour la majorité de ceuelles avec qui je partageais mon quotidien, je reconsidérais l’idée de me construire pas à pas, c’est-à-dire de gravir marche après marche l’escalier qui me conduirait à ce à quoi j’aspirais du fond de mon coeur : l’illumination (de moi-même mais aussi de l’humanité – je ne faisais pas alors de distinction dans mon esprit).

Je décidais d’emprunter une voie plus « balisée », et de m’intéresser sérieusement aux disciplines ésotériques, mais à condition que celles-ci m’apparaissent comme indispensables pour mon développement humain personnel, donc au sens accepté par la majorité de l’humanité justement. Je me disais qu’alors, la voie de l’illumination apparaîtrait claire à l’ensemble des humains, et qu’alors je pourrais la partager, considérant plus que tout que, comme Alexander Supertramp dans Into The Wild, « Happiness only real when shared ».

Si la jouïssance est réellement ce qui construit la réalité matérielle au sein de laquelle se murgent le « noir » et le « blanc » me disais-je alors, il me faudrait dans ce cas travailler avec celle-ci afin de construire la conscience universelle à laquelle j’aspirais pour les humains, pour la planète ; et non travailler contre elle, chose qui, me semblait-il à la lecture d’Ecritures de différentes cosmologies, constituait précisément l’écueil dans lequel étaient tombé.e.s de nombreux.ses chercheur.euse.s par le passé.

 

Pour retrouver cette jouïssance, je décidais de retrouver un ancrage. Eh pour ce faire, je m’y pris de la manière qui me parut la plus évidente qui soit, c’est-à-dire que je m’obligeais à sur-considérer la réalité matérielle afin de m’y ré-attacher.

 

De cette manière, je revenais à mon premier amour qui est comme vous l’avez lu l’écologie. L’état désolant de ce que nous appelons l’environnement – qui n’est en fait plus exactement que le miroir extérieur de notre intérieur – me… désola. Et je partais de là pour me construire une vie militante, dont l’objectif fut la défense coûte que coûte.

 

L’université de gauche et donc dont les étudiants étaient pour une grande majorité, sinon très militant.e.s, du moins très engagé.e.s, m’y aida.

 

Je passai alors bcp de temps dans les réunions d’informations de groupes de différents bords – anarchistes, communistes, écologistes – afin de me forger une culture mais aussi un cercle social militants, qui m’assura une attache sérieuse au monde matériel.

 

On dit que tou.te.s les militant.e.s ont toujours une raison bien personnelle, au-delà de l’idéal altruiste, de s’engager dans la lute politique ; ce n’est pas entièrement faux ^^. C’était entièrement mon cas. ^^

 

En parallèle de tout cela, je touchais aussi beaucoup aux drogues qui me permettait de « survivre » au stress quotidien ambiant de la réalité matérielle qui m’alarmait, que celle-ci soit liées aux agressions et injustices dont je me rendais témoin quotidiennement par mon addiction aux journaux et publications militantes ou plus simplement de ce que j’analysais en parcourant les couloirs du métro richement décorés de publicités et autres manifestations de puissants égrégores de notre société de consommation, qui enchaîne l’être humains à ses instincts survivalistes presque essentiellement, et occultant donc par là-même sa part de lumière, quelque part.

 

Enfin, j’y ajoutais pour parfaire le cocktail une découverte pas à pas du sexe avec des hommes et des femmes géniaux. C’est ce qui m’a le plus permis de m’ancrer et fonctionne encore aujourd’hui pour moi. L’amour charnel.

Love and Life

Love and Life

IV. Echec scolaire, 2e année retapée, nécessité de croire en moi : appropriation d’une culture du résultat

 

Il n’échappera à personne cependant que de telles activités requiert l’usage de temps qu’on ne passe alors pas à étudier. Je ratais ma deuxième année de licence et devais la reconnaissance (mes parents voulaient que j’aille jusqu’au diplôme. « Au bout »).

 

Avec le recul, je réalise que cette expérience m’étais également d’une certaine utilité, au sens où elle me poussait à croire en moi, ou plus précisément en ma capacité à aller au bout de quelque chose qui n’avait consciemment aucun sens pour moi. Ca me serait d’une grande aide plus tard, notamment en matière d’apprentissage ésotérique où une pratique est requise quand bien même le mental n’y verrait pas d’utilité.

 

Bref.

 

Le résultat est que je m’appropriais aussi, en faisant cela, une certaine culture du résultat hélas largement répandue aujourd’hui. On ne peut pas toujours avoir le beurre et l’argent du beurre,  (même si le cul de la crémière n’est pas forcément loin hahaha ^^).

"Stop". Now glance.

"Stop". Now glance.

V. fin de licence : le refus d’entrer en master, la prise de conscience des limites de la culture du résultat, la psy et la recherche d’une « 3e voie »


Je l’ai fait finalement, je suis allée au bout, mais cette culture du résultat, j’ai dû la remettre en cause. Je suis allée voir une psy pour m’y aider, parce que j’avais besoin de voir une porte de sortie avant d’accepter de me pousser moi-même dans sa direction, au contraire de quoi j’y aurais seulement vu… un mur. Blanc.

Ce fut une expérience géniale, douloureuse certes mais est-ce que c’est jamais plaisant que d’aller voir le.la psy ? Bof. « On ne se sent jamais moins bien après avoir pleuré qu’avant » me dira plus tard bien sagement un super copain. Bah ouais. Merci à lui de tout mon coeur.

Cette psy aussi se montra très sage en tant qu’elle mis beaucoup d’énergie à me répéter, comme un mantra, ou qui en tout cas en est devenu un pour moi, et peut-être même bientôt ou déjà pour vous aussi ?, : « Cherchez une 3e voie. »

« - Et si elle n’existe pas ?... 

- Créez-là. »

Quand les sentiers n’existent pas il faut s’enfoncer dans la jungle et tracer le sien, quitte à y aller à la hachette.

"Grow"

"Grow"

VI. Réorientation réussie, dépression qui t'engloutit

J’ai user d’un tel outil, du moins psychiquement, pour me battre contre moi-même, et ainsi trouver la force de me battre à l'extérieur de moi-même, contre mes parents. Le but était d'assumer que je ne voulais pas poursuivre en master d’histoire, que ce soit pour faire de la recherche – ce que j’avais envisagé après me début de ma licence – ou faire du journalisme – mon rêve d'ado.

Pour lancer l'assaut, j’ai appelé mes parents un soir après les réunions de master en toussant d’abord puis fondant aussitôt en larmes.

Le monde était une mare - les canards en moins - s’écroulait. Mais dans un soupir, ma mère qui m’a passé mon père, qui s’est d’abord exprimé par un silence..., un nouveau est né. En d'autres termes, mes parents ont très bien compris. Ils ont même accepté que je poursuive dés l’année qui suivrait des études de médecine chinoise.

Mon choix expliqué, ça leur a en effet paru pertinent. Mais en vérité, ils l’ont accepté dés qu’ils ont entendu mes sanglots. Viens un moment où « on ne peut pas réussir des études qui ne nous plaisent pas. C’est bien connu ». Ca l’était pour la copine de mon frère qui me glissa cette phrase sans prétention quoi que si juste.

Je début mes études de médecine chinoise et "Au surprise, la vie est un chemin, pas une destination." Voilà ce dont je prends conscience en faisant face après chaque cours qui m'ouvre à une nouvelle vision du monde donc de nouvelles perspectives, à de nouveaux doutes. Je réalise donc dans une coque de noix que ma culture du résultat m'a permis de renverser un rapport de force avec mes parents qui, maintenant qu'il est renversé, rend caduque cette culture du résultat.

J'avance alors et tâtonne pour mettre mes oeufs dans le panier de "la voie du milieu". Je continue pourtant de m'accrocher inconsciemment à ces vieux amis, ces repères, que sont les milieux de lutte, où le mal à lui-même est alors aussi une bouée quelque part.

C'est en réalisant ceci que ma barque prend vraiment l'eau et que j'apprends à nager.

 

"La vie est un long fleuve". La seule tranquillité à chercher est en soi, quoi que celle-ci se cultive avec l'amour des autres.

"Go deep within yourself"

"Go deep within yourself"

VII. Constat de cette dépression persistante et allant croissante. Rebond  et Perspectives

La logique de lutte me semble alors définitivement battue: je n'y vois plus aujourd'hui qu'un obstacle sur une piste de saut de haie - sympa de sa laisser galvaniser par les secondes de projection mais le choc avec la terre appellera un nouvel effort bien vite. La lutte ne se suffit à elle-même qu'en tant qu'elle est un moyen de mesurer sa force, un prétexte pour bondir, un outil pour mesurer sa force; au-delà que c'est souvent une chose indispensable pour changer une société écocidaire (suicidaire ?).

Je prends alors la mesure de ces choses que j'utilise pour me prémunir de la gravité: les drogues, si "soft" soient-elles (tabac, petits verre de rouge, la route), mais aussi parallèlement de toutes les autres qui m'indiquent que cette gravité est pour l'instant incontournable, que je le reconnaisse ou non: ces émotions qui resurgissent deux fois plus quand je tente de passer outre. Une émotion, c'est mon point de vue actuel du moins, ne passe pas outre mais si c'est bien plutôt est une énergie qui nous porte au-delà de notre fonctionnement actuel - qu'on peut se figurer comme une vague - il faut la sentir et l'utiliser autant qu'elle nous utilise - la surfer ?

Pendant un temps, le temps de cette dernière réalisation, j'ai encore peur de mes émotions, tant et si peur que, tout ce qui m'y ramène, en tête de liste la bienveillance, je le rejette vaillament. Jusqu'à être touchée en plein coeur à mon insue. Le 5e Element si vous avez jamais eu la chance de voir ce film parle bien de ça: au-delà de la Terre, l'Air, l'Eau et le Feu, c'est bien l'Amour qui unit tout et, comme des rayons de lumière concentrées en un - comme un laser donc - pulvérise tout pour le faire renaître.

Alors donc, comme je vomissais plus haut sur le pixel, on doit trouver sa tranquillité, sa "maison" en soi, mais la charpente est faite de quoi sinon de l'amour des autres, et/ou de notre propre capacité à le reconnaître ?

Sur cette conclusion, sur ces mots, je bute toujours, comme l'écume des océans sur le rivage blanc. Merci qui ? ((Ricolaaa) Gandalf The Grey ^^)

En guise de conclusion partielle

La force du groupe. La co-évolution permanente. L’échec est partout. La réussite aussi. La confiance fait pencher la balance dans son dernier sens, rend alerte et à l’écoute des manifestations d'amour autour de nous, humble, puissant.e, vivant.e.