Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Homo Sapin
Homo Sapin
Menu
Le retour des Cévennes, de toutes les générations

Le retour des Cévennes, de toutes les générations

Le retour des Cévennes se fait en voiture avec nos adorables hôtes de la veille qui devaient aller faire un brin de courses à Alès. On se sépare tous d’ici : mon copain retourne en Haute-Savoie tandis que je poursuis pour ma part vers le Sud.

 

Je galère un peu avec cette maudite entrée vers la voie rapide, je marche cinq minutes puis trouve un petit espace où tendre le pouce derrière lequel les voitures peuvent s’arrêter. Quatre voitures plus tard un jeune s’arrête et me prend, il ne veut pas me voir galérer car il a lui même été laissé sur le pavé plus d’une fois et sous la pluie ! Je monte avec plaisir direction Nîmes. Il est adorable et me conseille alors même un spot parfait au péage avant l’entrée d’autoroute !

 

Je n’ai dans ces conditions aucun mal à trouver de nouveaux conducteurs. Ils vont m’avancer à un ère un peu plus loin. Ils viennent eux-aussi d’Alès tiens ! On aurait donc pu se croiser:) Pourquoi gagnent-ils le Sud ? Pour danser le tango argentin ? Font-ils ça régulièrement ? Le lundi, le jeudi, le mercredi et le mardi, le vendredi aussi tiens, le samedi… La France entière, ils la parcourent chaque semaine pour vivre leur passion ! Je suis ravie car j’ai moi-même partagé à des bals de rue estivaux et avait adoré l’ambiance ! Une simple expérience nous a rapproché malgré les deux générations qui nous séparaient moi de ses trois sexagénaires ma foi très sportifs, plus que moi ! Je sors enchantée et rempli ma gourde avant d’aller au-devant des gens faisant leur plein.

 

Ca ne marche pas trop, j’ai l’impression d’envahir leur espace personnel. D’habitude ce n’est pas forcément le cas, c’est même plus humain qu’un panneau cartonné. Mais aujourd’hui la fatigue me gagne et je n’ai pas la tchach. Après une minute, je me positionne à la sortie d el’ère avec mon panneau. Un couple qui m’avait dit « on va pas à aix » une minute auparavant s’arrête alors cette fois spontanément : « venez, on va vous avancer:) ». Ils étaient super contents de pouvoir discuter je crois. Je découvrais ravie qu’ils avaient comme moi aujourd’hui migré quelques années plus tôt vers le Sud. L’homme était dans le pharmaceutique et avait usé de combine pour que sa boîte lui paye ses études, j’admirais sa débrouillardise. La femme était extrêmement joyeuse et amicale. J’en garde un super souvenir.

 

Cet échange illustrait pour moi la valeur du stop : un trajet contre un échange humain de coeur à coeur. Chaque être humain souhaite échanger à coeur ouvert, et le stop permet cela. La configuration d’une voiture ou d’un truck, alors que tous les passagers ont les yeux rivés sur la route qui agit comme une distraction de l’intimité soudainement établie, constitue un véritable cadre psychanalytique. J’ai été étonné plus d’une fois de me trouver en posture de professeur et guide vis-à-vis dans un contexte où je me pensais en réalité la personne aidée. Le stop n’est pas tant charité que reconnexion avec un besoin humain profond d’amour authentique. J’irais jusqu’à l’ère de Lançon de Provence juste après Salon, donc juste avant Aix.

 

Il est 19H et je suis un peu fatiguée, je me dirige directement vers la sortie de l’ère mais croise le regard d’un jeune homme de mon âge en train de rouler dans sa voiture, fenêtre ouverte. J’ai moi-aussi très envie de fumer et naturellement me dirige vers lui. Il voit mon panneau « Aix-en-Provence » et me dit qu’il tourne avant ver Aix. Je lui demande si ce n’est pas trop loin, il me dit « quelques ronds-points avant », je sors une carte pour vérifier puis acquiescer et je monte. A 19H30, je descend. C’était trop court pour terminer de bavarder mais on se recroisera sûrement car il fait souvent cette route. Encore une mission réussie. J’aurais le temps de faire quelques courses avant de dîner tranquillement et méditer toutes ces aventures humaines touchantes.

Le retour des Cévennes, de toutes les générations